Qu’est-ce que la douleur ?
La douleur est définie par l’Association internationale pour l’étude de la douleur (l’IASP) comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en ces termes. »
Cette expérience émotionnelle résulte d’un mécanisme de protection naturel qui alerte le cerveau lorsque le corps est soumis à un stimulus potentiellement nocif. La douleur est une expérience subjective qui diffère d’un individu à l’autre. Elle est le témoin du ressenti du patient. En cela, elle est difficilement quantifiable et qualifiable.
Le circuit de la douleur :
Il est possible de décrire le circuit de la douleur depuis sa source jusqu’au cerveau qui nous fait prendre conscience de la douleur. Dans le cas, par exemple, d’une main posée sur une plaque chauffante, la douleur naît au niveau de la main. La peau de la main possède des terminaisons nerveuses (on retrouve des terminaisons nerveuses dans d’autres tissus du corps comme les muscles, les articulations, les organes,…) qui sont stimulées par la chaleur et véhiculent cette information via les nerfs nocirécepteurs jusqu’à la moëlle épinière puis au cerveau.
Les causes de douleurs :
La sensation douloureuse peut être déclenchée par différents facteurs :
- Une blessure ou lésion physique, comme une entorse, un étirement, un écrasement, une coupure…
- Une réaction inflammatoire qui produit des substances irritantes pour les terminaisons nerveuses comme lors d’infections, de poussées de maladies chroniques du type polyarthrite rhumatoïde, …
- Une dégénérescence des nerfs qui envoient alors au cerveau des signaux de douleur sans réelle cause physique.
Dans le cas de maladies créant des lésions tissulaires, les nerfs de la région affectée deviennent plus sensibles, c’est-à-dire que les signaux de la douleur sont déclenchés plus facilement.
Lorsque la cicatrisation de ses lésions s’effectue normalement, les nerfs perdent de leur hypersensibilité, l’intensité de la douleur diminue et peut disparaître.
Outre la sensation physique, la douleur peut également avoir une dimension émotionnelle, notamment lorsqu’il est difficile de cerner son origine. Notre état émotionnel peut modifier notre perception de la douleur, tant en la diminuant qu’en l’augmentant.
Il est possible de réduire la sensation de douleur à l’aide de substances anti-douleur. Ces médicaments atténuent le signal de la douleur sans nécessairement traiter la lésion qui en est à l’origine.
La douleur chronique
On qualifie de chronique une douleur qui dure plus de 12 semaines consécutives ou qui dure plus longtemps que la douleur habituelle d’une lésion.
Il est parfois possible d’identifier la cause à l’origine de la douleur chronique.
Dans le cas de douleurs chroniques, la douleur n’est pas toujours directement liée à une blessure ou une lésion d’origine. Il se peut que les messages entre les nerfs et le cerveau soient modifiés de sorte que les nerfs soient hypersensibles et envoient en permanence des signaux de douleur au cerveau, même lorsque le problème physique se trouve résolu.
Parce que notre corps est « programmé » pour comprendre la douleur comme un signal d’alarme, notre réaction naturelle est souvent de protéger la zone douloureuse pour éviter une récidive – ce peut être en bougeant moins ou en restreignant l’usage d’un membre.
Mais passé un certain temps, l’immobilisation affaiblit les muscles, entrainant ainsi un risque accru d’entorse, claquage,… sources de nouvelles douleurs. Un cercle vicieux de la douleur…
Comment la douleur peut-elle affecter le quotidien ?
La douleur peut rendre difficile le quotidien que ce soit à la maison, sur notre lieu de travail ou lors de loisirs. Il est instinctif de vouloir réduire la douleur en épargnant autant que possible notre corps ou la région affectée par la douleur. Et ceci peut nous amener à modifier notre comportement au quotidien et préférer éviter les activités qui favorisent la douleur. Des activités habituellement plaisantes peuvent aussi devenir un vrai calvaire.
Les traitements médicamenteux
Les traitements médicamenteux habituellement utilisés pour réduire la douleur, notamment de l’arthrose ou les douleurs articulaires et musculaires, sont :
- les substances antalgiques ou analgésiques
- les substances anti-inflammatoires non-stéroïdiennes
- les stéroïdes
D’autres types de médications peuvent aussi être utilisés dans des cas particuliers. Si tous les traitements visent à réduire les symptômes de la douleur – ils n’aident pas nécessairement à en soigner l’origine.
Les traitements physiques
A côté des médicaments, d’autres techniques physiques s’avèrent efficaces pour soulager la douleur.
Les thérapies par le toucher et le mouvement :
Physiothérapeutes, ostéopathes et chiropracteurs utilisent des techniques manuelles variées comme :
- des techniques de manipulations :
utilisées pour limiter l’impact des douleurs chroniques sur les mouvements du corps et vous permettre de garder votre mobilité et votre tonus musculaire. Cela regroupe la kinésithérapie, l’ostéopathie, la méthode Mézières, l’éducation posturale comme la technique d’Alexander, … Certaines de ces méthodes sont accompagnées d’un soutien psychologique ayant un impact positif sur la dimension émotionnelle de la douleur.
- des techniques fondées sur le mouvement :
telles que le yoga thérapeutique, qi gong et le tai chi chuan adaptés dans le cas de mobilité réduite ou de rééducation. Ces méthodes douces prennent soin du patient au global sur les plans physique, émotionnel et mental.
- des technologies d’ultrasons :
souvent utilisées par les kinésithérapeutes en complément des massages pour leurs effets mécaniques, thermiques, décontractants et relaxants. Les ultrasons permettent de réduire l’inflammation et la douleur en cas d’arthrose, de polyarthrite, de séquelles d’entorse, d’élongation ou de courbature.
- l’exercice physique et le renforcement musculaire :
même en cas de douleur chronique, l’activité physique est un moyen de soulager les douleurs, d’éviter la rigidification des tissus et la fonte des muscles. Sur le plan psychique, l’activité physique régulière accroît la production d’endorphines, hormones du bien-être et de la bonne humeur, qui réduisent les effets du stress et de l’anxiété.
La neurostimulation électrique transcutanée :
La neurostimulation électrique transcutanée est une technique anti-douleur qui emploie des impulsions de faible courant électrique transmises par des électrodes placées sur la peau. Ces stimulations électriques bloquent la transmission du message nerveux au cerveau et réduisent ainsi la sensibilité des terminaisons nerveuses au niveau de la moelle épinière. Les réglages, ainsi que la durée et la fréquence des séances de traitement, peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre.
L’acupuncture :
L’acupuncture fait partie de la médecine traditionnelle chinoise et est fréquemment utilisée pour soulager la douleur. Elle repose sur le principe de circulation harmonieuse du Qi, ou énergie vitale. L’acupuncteur plante sur des points spécifiques du corps de très fines aiguilles qui stimulent les énergies, atténuant ainsi les sensations de douleur au cerveau et stimulant la production d’endorphines et d’encéphalines, des hormones impliquées dans la régulation de la douleur.
L’hydrothérapie :
L’hydrothérapie regroupe tous les traitements reposant sur l’utilisation de l’eau comme moyen thérapeutique. L’eau permet une relative apesanteur lorsque l’on y est plongé, ce qui allège la pression exercée sur les articulations par exemple, et elle applique une résistance uniforme s’opposant au mouvement. Faire de l’exercice dans de l’eau chaude est un moyen efficace et agréable de solliciter activement les articulations et renforcer en douceur la tonicité musculaire.
Des attelles ou appareillages :
L’usage d’attelles peut s’avérer utile pour soulager certaines douleurs. Plusieurs types d’appareillage pour les mains, les chevilles, le cou existent… Standard ou réalisées sur-mesure, les attelles peuvent être souples, comme le néoprène, ou rigide, comme le plastique.
Les prises en charge psychologiques
Différentes méthodes agissant sur le psychisme permettent de gérer la douleur.
Les thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) :
Les thérapies comportementales et cognitives désignent un ensemble d’approches psychologiques visant à comprendre et modifier les comportements ainsi que les pensées et émotions qui y sont associées. Les TCC prennent en compte les composantes comportementales, cognitives et émotionnelles de l’individu et reposent sur l’idée que nos pensées, croyances, sentiments et comportements sont interdépendants. Elles impliquent d’évaluer et comprendre ces interactions, puis de trouver les moyens de les modifier pour réduire la douleur.
La pleine conscience
La pleine conscience, ou méditation pleine conscience, est une approche de plus en plus utilisée pour traiter la douleur. Elle vise à focaliser l’attention du patient sur le moment présent plutôt que sur les pensées parasites.
Les techniques de développement personnel
Ces techniques prennent en considération la corrélation entre le corps et l’esprit.
La relaxation :
Il existe plusieurs approches de la relaxation : concentrer son attention sur la description d’un lieu qui nous est agréable, penser à chaque partie de notre corps,… autant de manières à tester pour voir celle qui vous convient le mieux. La relaxation repose sur de la méditation qui consiste à se concentrer sur sa propre respiration ou sur un mantra que l’on se répète ainsi que des techniques de respiration qui, lorsqu’elles sont maîtrisées, permettent de diminuer efficacement le niveau d’anxiété.
La sophrologie :
La sophrologie permet un apprentissage de méthodes de relaxation dans diverses positions et situations, avec un objectif d’autonomie du patient. Elle peut mettre en place un véritable programme de gestion de la douleur qui amène à diminuer les sensations pénibles et leurs conséquences sur l’organisme.
L’hypnose :
L’hypnose ou hypnothérapie se pratique par un thérapeute qui utilise la capacité de suggestion accrue en état de conscience modifiée. Le thérapeute place le patient dans un état modifié de conscience, qui est différent du sommeil. Sa volonté est partiellement inhibée, mais elle est consciente de ce qui l’entoure. Le thérapeute invite d’abord le patient à se détendre (phase de pré-induction). Ensuite, il lui demande de se concentrer sur certaines parties de son corps (phase d’induction). L’attention du patient est tournée vers lui-même et une somnolence s’installe. Le thérapeute prononce alors des suggestions en rapport avec les sensations douloureuses du patient.
Adapter son activité physique
La douleur chronique peut réellement affecter nos activités quotidiennes. Certains mouvements peuvent devenir si douloureux que l’on cherche à les éviter alors qu’il est primordial de rester actif pour maintenir mobilité et tonicité musculaire.
Eviter de solliciter certaines articulations ou réduire son niveau d’activité sont autant de facteurs qui entraînent une perte de mobilité, de tonicité musculaire, d’agilité ou encore de coordination et d’équilibre. Et l’inactivité ne diminue pas la douleur. En voulant ménager les zones douloureuses, il se peut que d’autres zones davantage sollicitées en pâtissent et ne soient sujettes à de nouvelles douleurs additionnelles.
Favoriser une activité physique quotidienne et veiller à une bonne posture vous permettra de surmonter efficacement la douleur.
Bouger plus
De simples choses le permettent comme marcher plus que d’habitude. Marcher est excellent pour la santé. Des groupes de marche existent peut-être dans votre commune et vous permettront de trouver des personnes marchant à votre rythme. D’autres formes d’exercice physique apportent de bons résultats comme des activités en groupe ou des cours de sport.
Quel que soit le type d’activité physique que vous préférez, vérifiez auprès de votre médecin traitant qu’il s’agit d’une activité adaptée à votre pathologie.
Ménager vos articulations
Il est important de comprendre comment vos articulations sont affectées ainsi que l’origine de la douleur pour mieux adapter vos mouvements et éviter les tensions inutiles. Un ergothérapeute peut vous proposer des techniques adaptées pour épargner vos articulations douloureuses. Protéger ses articulations ne veut pas dire qu’il faut cesser de les solliciter et privilégier l’inactivité.
Adaptez votre rythme d’activité
Si vous souffrez de douleur chronique, il est possible que vous ressentiez de la fatigue. Un facteur-clé de réussite pour gérer la douleur et la fatigue associée est de trouver le bon équilibre entre activité et périodes de repos. Trop de repos peut favoriser la rigidification des membres, affaiblir les muscles et, sur le long terme, rendre toute activité plus pénible encore. A l’inverse, vouloir en faire trop un jour peut entraîner fatigue et douleur intenses le lendemain. Faire des pauses dans vos activités peut vous permettre d’épargner vos articulations et mieux gérer la douleur.