MARIETTE Xavier, Immunology for viral infections and autoimmune disease (IMVA), Le Kremlin Bicêtre
Contexte
Les biothérapies appelées b/tsDMARD ont modifié le pronostic de la polyarthrite rhumatoïde et des maladies auto-immunes systémiques. Cependant, certaines inquiétudes subsistent quant à la possibilité d’un risque accru de cancer induit par ces médicaments.
Les données sont rassurantes pour les anti-TNF qui sont utilisés depuis plus de 20 ans. Concernant un traitement plus récent des maladies inflammatoires, les inhibiteurs de JAK, certaines inquiétudes subsistent, notamment pour un médicament appelé tofacitinib, qui s’est avéré augmenter le risque de cancer par rapport aux anti-TNF lors d’un essai thérapeutique récent.
D’autre part, un autre type de biothérapies, les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICIs), a révolutionné le traitement du cancer. Le traitement par les ICIs peut entrainer des effets indésirables imitant les maladies auto-immunes, souvent appelés effets indésirables liés à l’immunité (irAEs). Les patients présentant des irAEs ont un meilleur pronostic du cancer. Cependant, les corticoïdes utilisés pour traiter les irAEs peuvent avoir un effet délétère sur le pronostic du cancer. Les b/tsDMARDs pourraient représenter une option thérapeutique plus sûre pour ces IrAEs.
De plus, l’inflammation est un prédicteur négatif de l’efficacité des ICIs et l’association des ICIs et des b/tsDMARDs pourrait représenter une option intéressante chez certains patients atteints de cancer.Ainsi, les biothérapies utilisées chez nos patients atteints de maladies rhumatismales et musculo-squelettiques (RMDs) pourraient avoir un effet Yin et Yang dans le cancer: parfois potentiellement délétère en inhibant les acteurs de la surveillance immunitaire du cancer, parfois potentiellement protecteur et permettant de contrôler les IrAEs, voire d’optimiser les effets des ICIs.
LABELLISE
Projet sélectionné lors de l’appel à projets « Programme labellisé ARTHRITIS R&D » 2021
Objectifs du projet
Le but de ce projet est de comprendre l’effet des b/tsDMARDs couramment utilisés dans les RMDs sur le cancer :
- Négatif en altérant l’immuno-surveillance contre le cancer. Un grand nombre de cellules immunitaires sont impliquées pour éviter le développement du cancer dans notre corps. Nous étudierons l’impact des inhibiteurs de JAK sur ces différentes cellules immunitaires afin de mieux comprendre comment ces médicaments pourraient entraîner un risque accru de cancer.
- Positif en réduisant le vieillissement des cellules immunitaires appelé immuno-sénescence dans les RMDs. Dans le cancer, l’immuno-sénescence est associée à une efficacité réduite des ICIs, et donc, les b/tsDMARDs pourraient être utilisés pour améliorer l’efficacité des ICIs dans le cancer.
- Positif en traitant les effets indésirables rhumatologiques liés à l’immunité qui surviennent avec les ICIs, sans diminuer la réponse anti-tumorale. Cette option sera évaluée dans le cadre d’un essai clinique. Au total, l’étude de la relation entre le cancer et les RMDs à travers le prisme de leurs traitements peut être bénéfique pour améliorer la prise en charge des patients atteints de RMDs
Mots clés : Autoimmunité, Cancer, b/tsDMARD, inhibiteurs de JAK, abatacept, tocilizumab, immuno-senescence, Inhibiteurs de check-points immunitaires, effets secondaires immunologiques