Polyarthrite Rhumatoïde – Nouveaux auto-anticorps : outils de diagnostic ?

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est le rhumatisme inflammatoire chronique le plus fréquent, affectant 0,5% de la population mondiale. La PR est caractérisée par une inflammation des articulations qui entraînent la destruction du cartilage, une déformation des articulations et une perte de mobilité. Les causes de la maladie sont encore peu comprises, et les traitements sont dirigés contre la réduction de l’inflammation. La destruction articulaire irréversible peut être évité par une intervention dès les premiers stades de la maladie, le diagnostic précoce de la PR apparaît donc absolument primordial. De ce fait, il y a un grand besoin de découvrir de nouveaux marqueurs biologiques précoces dans la maladie.

Le laboratoire dirigé par Jean Roudier vient de publier une étude, subventionnée par la Fondation Arthritis, qui a permis d’identifier de nouveaux auto-anticorps dans la PR. Cette étude a été réalisée à partir du sérum de 20 patients atteints de PR depuis moins d’un an, 19 patients atteints de PR depuis plus de cinq ans, et 23 contrôles, testés sur des puces à protéines qui contiennent 8000 protéines humaines. La validité des résultats a été confirmée par ELISA.

Ainsi, cette étude a permis d’identifier 3 nouveaux auto-anticorps associés à la PR en phase précoce (inférieure à un an). Ces anticorps pourraient être utilisés comme marqueurs de diagnostic chez les patients atteints de PR.

Charpin et al., Arthritis Research and Therapy 2013, 15 :R78

Rhumatologie : Perspectives, axes de traitement et recherche d’avenir

Les perspectives d’avenir des patients présentant une arthrite chronique ont été profondément modifiées grâce aux biothérapies. Un traitement adapté signifie pour beaucoup d’entre eux une modification importante de leur quotidien et de la qualité de la vie avec un risque réduit de conséquences à long terme de la maladie.

Les biothérapies sont des immunothérapies ciblées et utilisées dans les rhumatismes inflammatoires et les maladies auto-immunes. Actuellement, les thérapeutiques anti-TNF sont le traitement de référence dans les formes sévères et actives de polyarthrite rhumatoïde et de spondyloarthrites. L’extraordinaire développement de ces molécules s’explique non seulement par leur efficacité symptomatique, mais aussi par leur capacité à bloquer les phénomènes destructeurs parfois de façon prolongée. Leur production et leur utilisation à grande échelle, avec actuellement plus de 800 000 patients traités dans le monde ont été possibles grâce aux considérables progrès du développement industriel des biotechnologies.

Les perspectives sont immenses… Reste à définir les bonnes indications et les stratégies thérapeutiques les plus pertinentes mais aussi la tolérance au long cours de ces molécules. Les recommandations de bonne pratique encadrant la prescription de ces traitements avant leur instauration initiale hospitalière et le suivi des patients par les médecins, doivent être respectées.

Quatre lignes à suivre, facteur d’avenir

Développer des nouveaux « outils » biotechnologiques comme enjeu majeur

La biotechnologie doit permettre la mise au point d’anticorps monoclonaux avec une affinité les rendant plus efficaces et mieux tolérés. Cette optimisation pourrait se faire en tenant compte des caractéristiques individuelles. La biotechnologie pourrait aussi permettre de nouvelles modalités d’administration.

Rechercher de nouvelles cibles thérapeutiques est une étape importante

Il est indispensable d’identifier les cibles thérapeutiques les plus pertinentes dans chaque maladie inflammatoire traitées, pour agir ensuite simultanément ou successivement et enrayer peut-être la maladie, de manière définitive.

Rechercher de nouvelles indications est une évolution nécessaire et utile

De nombreuses perspectives thérapeutiques existent. Cependant, chaque nouvelle indication nécessite une validation rigoureuse car les spéculations expérimentales ne résistent pas toujours à l’épreuve clinique.

Evaluer des stratégies d’utilisation des biothérapies est une question essentielle

L’enjeu des prochaines années est d’optimiser la stratégie d’utilisation de ces biothérapies en se demandant s’il y a intérêt à « frapper fort » d’emblée, pour essayer de rechercher le plus vite possible une rémission complète. Dans cette stratégie, il faudra déterminer les combinaisons thérapeutiques les plus utiles et savoir si ces traitements doivent être utilisés de façon continue ou séquentielle.

 

Le TNF-alpha

Le TNF-alpha (Tumor Necrosis Factor) est une cytokine produite naturellement par l’organisme au cours de l’inflammation. Dans certaines maladies, telles que les rhumatismes inflammatoires, l’excès de TNF-alpha au niveau de l’articulation favoriserait l’inflammation chronique. La biotechnologie a permis la mise au point des anti-TNF (ou inhibiteurs de TFN-alpha), qui sont des anticorps monoclonaux (fabriqués par une seule et même cellule, clonée en plusieurs milliers de cellules identiques, à la différence des anticorps polyclonaux, mélange d’anticorps proches mais différents).
L’immunothérapie se conçoit en développant un outil biologique dirigé contre une cible spécifique de la réaction immunitaire. Le concept d’immunothérapie (dont font partie les biothérapies) encore à ses balbutiements, ouvrent la voie des thérapeutiques ciblées.

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