Les maladies auto-immunes concernent environ 5 % de la population. Elles apparaissent lorsque notre système immunitaire, normalement chargé de nous défendre contre les infections, se trompe de cible et attaque notre propre corps.
Un acteur clé de ce dérèglement est constitué par les cellules B : elles produisent des anticorps, qui normalement servent à éliminer microbes et virus. Mais dans l’auto-immunité, certaines cellules B « déraillent » et fabriquent des auto-anticorps, dirigés contre nos propres organes. Ces auto-anticorps sont à la fois le signe que le système immunitaire est en surrégime, mais ils peuvent aussi contribuer directement aux dommages.
Le problème : quand les premiers symptômes apparaissent, ce dérèglement des cellules B est souvent en cours depuis des années. Cela rend difficile pour les médecins de comprendre ce qui a déclenché la maladie et d’empêcher les dégâts. D’où l’importance de repérer les patients à risque très tôt, en particulier chez les enfants.
Le cas du PTI : un modèle d’étude unique
Pour avancer dans cette direction, les chercheurs se concentrent sur une maladie auto-immune particulière : le Purpura Thrombocytopénique Immunologique (PTI), qui touche les enfants.
Dans cette maladie, le système immunitaire détruit les plaquettes sanguines (nécessaires à la coagulation) à cause d’auto-anticorps antiplaquettes.
- Bonne nouvelle : environ 75 à 80 % des enfants guérissent en quelques mois.
- Mais : chez 15 à 40 % des enfants, la maladie persiste plus longtemps. Ces enfants présentent souvent d’autres auto-anticorps (notamment appelés ANA, dirigés contre les noyaux des cellules), ce qui signale un risque plus élevé d’évoluer vers une maladie auto-immune plus grave et généralisée : le lupus (LES).
Les chercheurs ont montré que 16 % de ces enfants « à risque » développent un lupus dans les 4 ans qui suivent le diagnostic de PTI. Cela fait du PTI une piste essentielle pour comprendre comment une auto-immunité peut évoluer d’une forme transitoire à une maladie chronique et sévère.
L’ambition de cette thèse
Cette thèse cherche à comprendre pourquoi certains enfants guérissent, alors que d’autres évoluent vers une forme chronique ou vers le lupus.
Pour cela, les chercheurs vont comparer :
- Les enfants atteints de PTI qui guérissent (sans auto-anticorps ANA).
- Les enfants avec PTI et ANA, dits « pré-lupus », qui restent souvent malades.
- Les enfants déjà atteints d’un lupus au diagnostic.
Concrètement, cela implique de comparer :
- Un ensemble de facteurs moléculaires et cellulaires connus comme associés à la perte de la tolérance du système immunitaire et à l’auto-immunité (lymphocytes B et T, cytokines et facteurs génétiques).
- L’activation des cellules B en utilisant des technologies innovantes (Single cell RNA and ATAC sequencing)
- In vitro les fonctions des cellules B lorsqu’elles sont stimulées par des molécules impliquées dans la génération et la persistance de l’auto-immunité.
Objectifs finaux de la thèse :
- Réussir à identifier les patients à risque d’évolution chronique du PTI ou d’évolution vers un LES,
- Identifier les mécanismes impliqués dans cette progression vers le LES,
- Mettre en évidence de potentiels facteurs immunitaires protecteurs de cette progression.
- Ainsi, ce projet ouvrira des perspectives pour proposer des stratégies thérapeutiques préventives et ciblées afin d’empêcher l’apparition d’une maladie auto-immune chronique dans un sous-ensemble de patients soigneusement identifiés.
