Peux-tu te présenter à nos donateurs ?
Passionnée depuis l’enfance par la biologie, la médecine et les sciences du vivant, j’ai décidé d’entreprendre des études en biologie après mon bac. Après une licence Sciences du Vivant à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris, je me suis dirigée vers un Master spécialisé en physiologie et physiopathologies. Puis j’ai décidé d’effectuer mon stage de fin d’études dans une équipe de recherche travaillant sur la polyarthrite rhumatoïde et la sclérodermie systémique dirigée par le Pr Yannick Allanore et sous l’encadrement du Dr Jérôme Avouac.
J’ai fait le choix de travailler dans le domaine des rhumatismes pour participer au développement de la recherche dans cette spécialité du fait que ce sont des maladies mal connues du grand public malgré leur incidence sur la population générale.
Actuellement, je suis en troisième année de thèse à l’Institut Cochin à Paris. Mes travaux de recherche sont axés sur la polyarthrite rhumatoïde. Je cherche à comprendre le rôle d’une protéine dans la formation des nouveaux vaisseaux sanguins dans le contexte de cette maladie. Ce projet est rendu possible grâce au financement accordé par la Fondation Arthritis.
Peux-tu nous en dire plus sur ton projet de recherche ?
Mes travaux de recherche sont axés sur la néoangiogenèse (formation de nouveaux vaisseaux) dans la polyarthrite rhumatoïde. En effet, cette pathologie est composée d’une phase inflammatoire qui est suivie par une phase vasculaire avec l’apparition de nouveaux vaisseaux qui vont alimenter l’inflammation au niveau des articulations.
Pour ma part, je cherche à comprendre les mécanismes sous-jacents dans cette formation de nouveaux vaisseaux et plus particulièrement le rôle d’une protéine spécifique (SIRT-1) afin de pouvoir développer de nouveaux traitements ciblant la phase vasculaire de la polyarthrite rhumatoïde.
Au cours de ces trois années de thèse, j’ai pu mettre en évidence que cette protéine SIRT1 était moins exprimée dans les cellules endothéliales, qui composent les vaisseaux sanguins, chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. J’ai également démontré qu’en restaurant l’expression de SIRT1 dans les cellules endothéliales de patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, on avait une diminution de la prolifération et de l’activation des cellules et donc une diminution de la formation de nouveaux vaisseaux sanguins. Nous souhaitons maintenant confi rmer nos résultats sur des modèles animaux.
Quelles sont les avancées majeures des dernières années dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde ?
Les thérapies actuelles, comme les biothérapies, ciblent l’inflammation causée par l’activation des cellules immunitaires. Malgré l’utilisation de ces biothérapies, environ un tiers des patients restent réfractaires à ces différentes biothérapies, du fait d’un échec primaire, ou du développement d’une résistance au traitement. Cette situation impose donc d’étudier de nouvelles pistes thérapeutiques. Une des grandes avancées actuelles est l’utilisation de nouveaux agents ciblant l’inflammation dans la maladie : le Sarilumab (inhibiteur des récepteurs à l’IL-6) qui est utilisé après un échec des traitements de fond classiques et le baricitinib et tofacinib (inhibiteur de JAK) qui sont particulièrement efficaces sur les patients résistants aux traitements classiques.
Quels défi s relève ton projet de recherche pour proposer de nouveaux traitements contre la polyarthrite rhumatoïde ?
Les résultats de ce projet pourraient avoir des conséquences thérapeutiques directes basées sur le ciblage de l’angiogenèse synoviale de la PR, en complément des traitements actuels positionnés sur l’inflammation et l’auto-immunité. En effet, des traitements (bevacizumab) inhibant l’angiogenèse sont utilisés dans d’autres maladies comme le cancer, la rétinopathie diabétique ou la dégénérescence maculaire liée à l’âge. De plus, SIRT1 pourrait être une nouvelle cible thérapeutique prometteuse dans la polyarthrite rhumatoïde en vue de son rôle dans la prolifération, la survie et l’activation des cellules endothéliales ainsi que sur le profi l pro-angiogènique de ces dernières. En eff et, des agonistes de SIRT1 sont disponibles et sont bien tolérés.