Les plaquettes favorisent une mort immunogène des polynucléaires neutrophiles et participent à la physiopathogénie du lupus systémique

SCHERLINGER Marc, INSERM de Strasbourg

Contexte

Le lupus érythémateux systémique (LES) est une maladie auto-immune touchant principalement la femme jeune. Le traitement repose sur les immunosuppresseurs qui permettent un contrôle de la maladie dans la majorité des cas. Ceci toutefois au prix d’un sur-risque infectieux et de maladie cardiovasculaires, qui représentent aujourd’hui les premières causes de mortalité dans le LES. Il est par conséquent nécessaire d’identifier de nouvelles stratégies thérapeutiques dans le LES.

Autrefois reconnue pour un rôle purement hémostatique, les plaquettes sanguines se placent à l’intersection entre les phénomènes de thrombose et d’immunité. De multiples travaux publiés ces vingt dernières années démontrent l’impact des plaquettes sur le système immunitaire. Dans le cadre du LES, les plaquettes sont activées lorsque l’activité de la maladie est importante, menant à la relocalisation à leur surface de molécules responsables d’interaction avec les cellules immunes.

Notre précédent travail a montré que les plaquettes activées bloquaient les fonctions des lymphocytes T régulateurs par le biais de la sélectine plaquettaire (P- sélectine) interagissant avec le CD15s présent sur le lymphocyte. Pour recherche d’autres interaction potentielles entre les plaquettes activées et les cellules immunitaires, nous avons mesuré CD15s sur l’ensemble des cellules immunitaires circulantes.

EMERGENCE

Projet sélectionné lors de l’appel à projets  « Subvention Arthritis pour l’émergence de projets » 2023

Objectif du projet

Nous avons identifié que les polynucléaires neutrophiles exprimaient les plus forts niveaux de CD15s, prédisant une interaction avec les plaquettes activées. Confirmant cette prédiction, le sang de patients atteints de LES actif contenait des taux augmentés d’agrégats plaquettes/ neutrophiles. Les polynucléaires neutrophiles représentent une population hétérogène qui participent à la physiopathologie du LES notamment par la libération d’auto-antigènes modifiés lors d’une mort cellulaire spécialisée (NETose). Des travaux ont identifié que l’interaction des plaquettes avec les PNN majore leur sensibilité à la NETose, pourvoyeuse d’auto-antigènes et de thromboses vasculaires.

Notre hypothèse de travail est que par le biais de l’axe P-sélectine/CD15s, les plaquettes renforcent l’activation des PNN et promeuvent la NETose, alimentant la réponse auto-immune. Nous étudierons l’importance de cette interaction dans le LES à partir d’échantillons sanguins et tissulaires de patients prélevés en soins courants. Si ces résultats sont positifs, cette étude sera complété par l’évaluation de l’impact de l’inhibition de l’interaction plaquette/neutrophiles dans des modèles souris de lupus.

Ces résultats pourraient conduire à une amélioration de la prise en charge des patients atteints de LES. En effet, un traitement bloquant la P-sélectine a été mis sur le marché dans la drépanocytose.

Ces données permettront de renforcer le rationnel du blocage de la P-sélectine dans le LES, dans l’objectif de mettre en place un essai thérapeutique dans le lupus systémique.

Mots clés : Systemic lupus erythamtosus – Cardiovascular diseases Infections – Immunology – Haemostasis – Cellular biology scRNAseq spatial transcriptomics – Ex vivo – In vitro – In vivo

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